LE MONDE – 19.01.2014
Pieter Laurens Mol,
Dans Jour sombre (février), Pieter Brueghel l’Ancien représente un paysan armé d’un redoutable couteau qui ébranle un saule têtard taillé en boule. Dans le bureau de Farideh Cadot, une photographie montre une allée des mêmes arbres, dont l’un présente un tronc un peu particulier. Et pour cause, il est humain : Pieter Laurens Mol s’est représenté en végétal, la tête couronnée de ce buisson de branches fines caractéristiques du saule.
Brueghel et Mol sont natifs de Breda, portent le même nom, et ont choisi de vivre – à 400 ans de distance – à Bruxelles. Mais Pieter (Mol), le jeune (il est né en 1946), poursuit très visiblement l’oeuvre de son illustre devancier. la même inventivité, ou poésie, comme on voudra, dans l’utilisation des cerneaux de noix qui deviennent cerveaux humains. La même fantaisie, comme lorsqu’il coiffe un buste du jeune Mozart d’un chapeau en papier, pliage fait dans la feuille d’une partition musicale. La même verve que celle des fêtes paysannes du premier lorsqu’il tente de reproduire, sous forme de pas de danse, les circonvolutions d’une épluchure de pomme. Le même humour, quand il reproduit la colonne sans fin de Brancusi avec un empilement de coquilles d’oeuf (posé dans un coquetier) ou de peaux d’orange (dont la base est un presse-citron). La même loufoquerie lorsqu’il se souvient de sa formation initiale d’ébéniste et, agenouillé sur une table, entreprend de la scier : de part et d’autre sont disposés un microscope et un télescope. Voir de près, voir de loin, tout est dit.
Par HARRY BELLET
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